Le paradoxe de la bière de noël qui devient d’hiver…ou pas !

Le Jeudi 7 décembre 2017 à 13:07

Après avoir abordé les brasseurs amateurs et le crowdfunding dans nos articles précédents, parlons d’un sujet d’actualité et qui fait débat : les bières de Noël et d’hiver…

Ces derniers jours, les réseaux sociaux se sont enflammés plus rapidement qu’une buche dans l’âtre réchauffant nos maisons. Pourquoi tant d’animation ? Une bière nord-coréenne menace le marché américain ? Une pils en gobelet provoque une grave blessure chez un entraineur de foot ? Rien de tout ça… La multinationale AB Inbev a simplement décidé de renommer sa Leffe de fin d’année ! Celle-ci passe de Leffe de noël à Leffe d’hiver… Question religieuse ? Volonté de plaire à tous ?

Cela mérite-t-il un tel débat ?

Historiquement, les brasseries remerciaient leurs fidèles clients en leur proposant, en fin d’année civile, un brassin spécial « fêtes ». Très vite, la fibre commerciale de certains s’est réveillée. Quelle belle opportunité que d’élaborer une nouvelle bière temporaire à l’occasion de noël. Et plus seulement pour les clients réguliers mais pour tous ceux qui ne peuvent imaginer une froide soirée d’hiver au coin du feu sans une bonne bière spéciale. Et comme il faut se réchauffer aussi de l’intérieur, les produits sont forts en alcool, sucrés et épicés.

Nous avons alors découvert dans les rayons des supermarchés, entre la dinde et le foie gras, des bières de grands groupes légèrement remaniées et mises en avant à grands coups de campagnes promotionnelles.

Dans les magasins spécialisés, la tendance est différente. Les petites brasseries profitent de la saison pour faire des expérimentations et amener de nouvelles découvertes au pied du sapin. Les verres se remplissent alors de bières tantôt blondes, tantôt rousses mais plus forcément brunes ou noires. Le degré d’alcool ne suit plus aucune règle. On passe d’un léger 4% (Préaris X-mas de Vligende Paard par exemple) à des expérimentations à 12° (magnifique Stille Nacht de Dolle Brouwers). Et l’appellation s’en trouve également modifiée… St-Monon sortira une « Spéciales Fêtes » ; Bastogne, une Ardenne « Givrée » ou Lupulus son « Hibernatus ».

Malgré une envie de sortir de la masse en se distinguant par un nom évitant le mot noël, l’intérêt économique garde la primauté. Difficile en effet de vendre une bière dite de noël après le 25 décembre. La bière a toujours le même goût et ne s’autodétruit pas passé cette date mais la majorité des consommateurs n’en voudra simplement plus ! Et c’est bien dommage car une bonne bière, quelque soit son style peut s’apprécier 365 jours par an en fonction de l’envie du moment (profitez d’ailleurs des réductions qui ne manqueront pas de garnir les rayons début janvier). Dès lors, renommer sa bière permet d’en vendre pendant une plus large période. Voire toute l’année. Ainsi, la Chimay bleue était, à l’origine, une bière de noël. Et devant son succès grandissant, les moines trappistes ont décidé d’en faire un produit régulier.

Pour revenir au changement de nom de la Leffe, il y a fort peu à parier que le religieux soient venu interférer dans la décision. Comme souvent, c’est pour les actionnaires qu’il faut déposer le plus gros cadeau au pied de la cheminée.

De notre côté, nous vous proposons de revenir aux bases et de prolonger l’esprit des fêtes les 5 et 6 janvier à l’abbaye de Floreffe (lien événement FB). Nous vous y proposerons une quarantaine de bières de noël/hiver/fin d’année. Parce que l’important n’est pas le flacon mais la bière qui s’y trouve et le plaisir de la partager avec ceux qu’on aime…

Bonnes fêtes à tous,

Emilien, Renaud & Sébastien, amateurs passionnés de bières en toute saison